LETTRE OUVERTE D'UN NOIR AUX "RACISTES" FRANÇAIS
par Jean-Michel Tengang-Bogogam (janvier 2006)
Remarque: N'essayez de rien déduire de son titre avant d'avoir entièrement lu cette lettre.
1) Aux armes citoyens! 2) Alarme! Et je me jette dans les mailles… 3) De larmes incolores aux armes incolores 4) Racistes de toutes les races 5) Colonisation et immigration: les ressemblances 6) Récapitulons 7) Cas particuliers 8) Les races du futur: les enfants de la science 9) La diffusion de cette lettre
Aux armes citoyens!
Partons de l’hypothèse que le fait d'être humain a le sens idéaliste qu'on lui prête. Alors, les meilleurs d'entre nous, ceux qui ont investi le plus pour accéder au Graal, commencent à peine à explorer la terre promise, et les autres se traînent encore péniblement vers une sortie de l’animalité aux contours noyés dans un brouillard si épais que ce territoire se fait parfois prendre pour l'élu véritable de nos gènes. Au milieu de ces égarés, les marchands de pureté les plus criards ne sont parfois que de répugnants charognards qui rêvent de voir quelques puanteurs s'exposer de façon spectaculaire. Quand cela arrive, d’une telle hauteur, d’une puissante giclée de leur réserve de fausses bonnes larmes, ils parfument toutes les souillures camouflées de la majorité utile du coin, leur donnant les apparences des meilleures substances de l'humanité. Celle-ci se replie alors, se rendant encore plus inaccessible, boudant de n'être même plus rêvée, elle cède encore de son terrain à l’usurpation qui bénéficie du partenariat de puissants négociants. Le but du juteux commerce a été atteint: les accumulateurs de larmes de guerre ont pu se remplir du meilleur cru fourni par les plus naïfs qui, munis des quelques profondeurs qui leur sont encore permis de visiter sur ces terres trompeuses, n’ont plus aucun doute sur leur présence en des lieux désanimalisés. Comme ça doit faire du bien de sentir bon sans avoir eu à se donner le moindre nouveau mal, c’est diablement humain.
Comme tous ses petits frères de sang, le racisme surfe sur ce jeu de dupes humanitaire où parfois la main est passée aux plus incultes "bons" pour répondre aux plus incultes "méchants" à bonne hauteur. Et pendant qu'on débat de mille et une façons des mille dérèglements qu'il contrôle en sourdine, il se marre, jubile même en reconnaissant certains de ses fidèles parmi ses antis les plus fortement déclarés. Quand on pense le combattre c'est encore lui qui mène le bal, au nom de tous les sains, protecteurs conscients ou inconscients. Il élargit tranquillement son champ d'action, s'insère partout et devient la référence incontournable. Lui et ses multiples dérivés ont géré notre passé, ils gèrent notre présent et nous préparent un futur inquiétant, terriblement inquiétant. Ils détruisent bon nombre de nos intérêts, même dans des sphères où l'on aurait du mal à imaginer leurs traces. Ils bouchent nos horizons sur un monde merveilleux où nous pourrions vivre beaucoup plus longtemps, en bien meilleur état et pour des buts étincelants.
Mais il existe une piste très particulière pour terrasser définitivement l’aîné des profanateurs de l'humanité: réintégrer presque toute la pseudo-humanité dans le cercle de ses porteurs pour donner sa véritable dimension à ce prodigieux manipulateur des cerveaux ; encouragé par cette nouvelle chaleur, au nom d’intérêts "légitimés", chacun des manipulés pourra ensuite céder à une intelligence revigorée pour identifier ses parcelles corrompues et clamer sa nouvelle clairvoyance.
Et si votre rêve a toujours été de voir votre pays au sommet de l'humanité, je vous dirai: "Aux armes citoyens! Une occasion unique vous est offerte de faire bien mieux en en faisant son berceau". Il vous faudra contribuer* à y rassembler au plus vite le plus grand nombre de cris: "Je sais maintenant qui tu es exactement, je sais quels sont tes crimes contre moi et tout ce que tu me voles". Ils seront nécessaires pour générer la grande fulgurance planétaire qui seule pourra permettre de foudroyer la bête et ses nombreux fils: "Nous savons tous qui tu es, nous savons quels sont tes crimes contre l’humanité, tu ne nous tueras plus, tu ne nous voleras plus. Vade retro, Satana!". Les habitués de certaines séries télévisées feront le parallèle ici avec des scènes ou pour sauver le monde contre les sombres ambitions d’un puissant démon, tous les esprits doivent résister à ses tentations au même moment et durant une certaine période. Le Malin disparaît alors dans les entrailles de la terre en poussant un dernier grondement terrifiant, et parfois il lance revanchard: "Ah ah ah! Je reviendrai". Attention à ne pas prendre cette menace à la légère, il nous faudra ensuite définir la nouvelle humanité avec rigueur et précision en ne concédant plus la moindre allégeance aux grossièretés du passé, pour fermer toutes les portes au retour de l’immonde.
J'ai essayé de rassembler des éléments pour aider mêmes les plus obtus des obtus à négocier une reddition totalement à leur avantage pour l’avènement de ce nouveau monde. Et si à la fin de cette lettre vous ne voyez rien de nouveau à l'horizon, alors il ne vous restera plus qu'à m'achever, car le monstre m'a déjà bien usé, si par contre vous voyez poindre une petite lueur, foncez donc, et de grâce, qu’on en finisse enfin.
Mais il nous faut maintenant remonter au début de l'histoire, là où tout a commencé. Le fait d'être humain n'impose plus aucune perfection qui oblige à coller à son sens idéaliste.
Alarme! Et je me jette dans les mailles…
Un sondage récent annonce que 1/3 de Français se disent racistes. J'ai passé ma vie à m'interroger sur des tas de sujets, rêvant de pouvoir contribuer à "changer le monde". J’étais nettement insatisfait des offres de mon éducation et de celles des différentes sociétés humaines, j’étais effrayé de devoir effectuer le parcours limité de mon unique existence, emprisonné comme tous les Terriens dans le train nonchalant dont la vitesse a été imposée par les fourberies d’obèses certitudes. Ces grosses ont brillé dans de lointains passés pauvres en savoir et elles essaient depuis lors de s'offrir de l’éternité aux dépends de notre véritable dessein. Elles étreignent nos lacunes de manière obscène pour éloigner les pensées du néant que dissimulent leurs rondeurs. Elles aguichent plus encore lors de perpétuelles orgies tenues dans la locomotive de tête hautement prisée, des conducteurs totalement malléables parce qu’enivrés de jouissances sans effort qui vendraient même les futurs les plus fabuleux de toutes les âmes au diable de ces instants pour ne pas perdre une seule goutte d’extase.
J’étais terrifié à l’idée qu’il n’existait aucune possibilité de rompre l’asservissement des meneurs à ce piège de luxure auquel ils avaient toujours sacrifié les véritables buts pour lesquels l’univers avait doté leur espèce d’intelligence. Les vieilles enjôleuses diaboliques les aidaient comme toujours à constituer une armée de très méchants subordonnés, parfaite sélection d’écervelés qui veillaient avec terreur dans les wagons à la sérénité des jouissances inférieures, menaçant d’éjecter vers toutes sortes de solitudes tous ceux qui ne sauraient pas freiner des élans de vitesse qui pourraient déstabiliser le lent équilibre envoûtant de l’ensemble.
Le temps conduisait tous les humains à la vieillesse et à la mort, mais on ne pouvait même pas agiter leur spectre pour les pousser à presser le pas. Ces deux vilaines avaient réussi à s'inscrire comme des piliers incontournables de la fête, et les critiquer ouvertement constituait un des plus graves délits d’excès de vitesse, passible du pire des isolements. Même les plus grands révolutionnaires avaient dû se contenter de s'exprimer dans le cadre du tempo imposé.
Je ne supportais plus d’être dans ce train là. J’avais l’impression d’être né beaucoup trop tôt, dans une période inadaptée aux porteurs du type d’interrogations rebelles qui me hantaient et qui auraient pu me valoir une mise à l’écart de la société. Mais le voyage dans le temps n’existait pas encore, et je n’avais pas d’autres choix que d’être de mon époque.
Puisque je ne pouvais ni changer de monde, ni changer de temps, il ne me restait donc plus qu’à essayer de changer le monde pendant que j’y étais. Il ne s’agissait pas de prétention, mais de sauver ma peau, ma peau profonde, toutes ses réelles perspectives, d’offrir son vrai temps à mon existence, de ne pas me faire escroquer, de revendiquer toutes les potentialités que la nature avait offerte à l'humain et de me battre pour leur dégager un véritable terrain d'expression, de ne plus être obligé d’étaler de belles dents blanches hypocrites pour me dissimuler, pour me cacher à tous ceux qui croyaient me voir. C’était si douloureux d’être à tout instant une pâle projection d’un être qui n’avait pas le droit de se montrer. Mais je savais que pour sortir de façon efficace les profondeurs cachées des humains des prisons dans lesquelles leurs civilisations les avaient enfermés, il me fallait soulever de nombreuses montagnes et remonter jusqu'aux origines de l'univers pour déterminer les raisons même de l’existence du vivant sur des bases scientifiques inattaquables afin de pouvoir présenter aux geôliers tous les intérêts qu’ils avaient à cesser leur activité. C’était une tâche titanesque.
Pour éviter le piège des malentendus et des approximations d'interprétation stériles qu’occasionne le partage de la recherche d’une vérité entre de trop nombreuses sciences, j’espérais pouvoir dessiner les contours d’une histoire unique de l’univers dont toutes les autres histoires ne seraient que de limpides chapitres. J'ai exploré de façon totalement inédite des domaines aussi variés que le mensonge, le vol, les réactions à la musique, les modes de reproduction des espèces, les écarts entre diverses civilisations, la transmission des connaissances, le futur très lointain des humains, le rôle du vivant dans le "but" de l'univers, etc. Par exemple, alors que depuis Einstein, la réalité physique du temps s'est parée de relativité (le temps coule moins vite sur terre que dans l'espace: le rythme auquel on vieillit n'est pas le même sur terre que dans l'espace, et la différence peut être conséquente), il reste absolu dans son interprétation par les sociétés humaines et pourtant la perception que l'être humain physiologique a de lui en tant que société de particules élémentaires est bien relative et peut même expliquer certaines de ses pertes de contrôle... Certaines des conclusions de mes réflexions sur ces thèmes apparemment disparates, prises isolément, pouvaient paraître exagérément audacieuses, voire inutilement provocantes ou pire, d'un intellectualisme gratuit, car je les avais rédigées en suivant le fil de l’histoire unique qui imposait que je ne puisse les utiliser que si j’avais l’opportunité de les synthétiser dans un livre qui leur apporterait toute leur cohérence, et un crédit sans faille aux desseins positifs pour l’humanité que je leur prédisais.
Il y a quelques temps encore, je me serais donc servi du sondage mentionné plus haut pour alimenter mes analyses déjà particulières sur le racisme et j'aurais tout rangé, en attendant "le bon moment". J’avais écrit un texte pour une chanson qui magnifiait mon attitude dans cette attente et dont voici un extrait : "Sans tache, sans relâche, tu te caches, tu enterres la hache... Combat des bas, comme débat, ça fait rats en grand repas, sans détails, ça ferraille, ça déraille, mais toi tu ne te jettes pas dans ces mailles".
Je n'ai pas renoncé à la majesté que je réservais à la rédaction d'un livre consensuel, mais un drame récent est venu m'ôter à jamais toute envie de compter sur un temps dont je n'ai aucune maîtrise, et qui a interrompu d'une violence extrême des rêves d'un monde fabuleux qui s'étaient accrochés aux promesses que je développais dans mes écrits, comme pour me faire sentir profondément coupable de m'être assoupi sur un idéal qui dépendait de lui sans respecter comme il le fallait sa prééminence, alors qu'à chaque instant qu'il me laissait encore, il pensait que j'aurais pu présenter une de mes contributions. J'ai dû intégrer sans négocier cet ordre à la fois cruel et indulgent en abandonnant à la poésie ma prétention de ne pas me jeter dans la mêlée. J'ai compris que si je pensais détenir des solutions qui pourraient être utiles pour résoudre des problèmes urgents, je me devais de prendre le risque de les sortir du contexte de ma "grande" ambition et de les présenter de façon isolée sans attendre, en me donnant les moyens pour qu'elles soient bien entendues.
Le Maître des instants me surveille et compte ceux qu’il m’offre encore, je dois en faire bon usage. Il me l’a bien fait sentir, ce sont mes dernières cartes, question de vie (utile) ou de mort (de regrets).
De larmes incolores aux armes incolores.
Ces derniers mois, ma vie a été secouée par des évènements épouvantables et, 99% des Français que j'ai eu à rencontrer dans ces circonstances très particulières m'ont témoigné une compassion sincère, profondément humaine et très loin de toute considération raciale. Il n'était pas possible que parmi eux il n'y en ait pas un seul de ce tiers supposé raciste. Je me suis mis à douter du fait qu'autant de Français se prétendent racistes, à m'interroger sur le sens qu'ils donnaient à ce mot. Il était impossible que de nos jours, dans un pays aussi développé et cultivé, autant de gens puissent encore croire en une hiérarchisation des races.
J'ai souvent eu peur de ma couleur, de mon nom, de ma voix, peur qu'ils me volent toutes mes autres particularités, toutes mes qualités, toutes mes complexités, toutes mes peines, qu'ils ôtent toute nuance pour me définir, qu'ils m'imposent une religion, qu'ils volent ma passion de la laïcité, qu'ils me disent ennemi de la France et de ses mœurs, qu'ils me disent menaçant à la moindre revendication, qu'ils disent à ma place ce que j'aime et ce que je n'aime pas, ce que je ressens et ce que je ne ressens pas, et là, à ma grande surprise, ils n'avaient pas réussi à voler mes souffrances, elles étaient apparues humaines aux yeux de tous, et aucun de ces Français n'avait hésité à se mettre dans ma peau, noire, simplement humaine, sans aucune protection raciale hiérarchisante. Et pourtant, quelques-unes de ces personnes pourraient se considérer comme racistes et pire, agir dans d'autres circonstances comme tel…
Ces quelques instants où ma couleur, mon nom et ma voix ont retrouvé leur anonymat ont été parfois si forts pour moi et pour certains de mes interlocuteurs que j'ai décidé de me battre pour qu'ils durent définitivement et sans le couvert des émotions nées d'une situation particulière. Je ne comprenais même plus comment j'avais pu supporter de vivre jusqu'ici en m'accommodant de leur absence, comment j'avais pu accepter de vivre sans certaines de mes profondeurs ou, en en exposant quelques fois seulement des petits bouts au prix d'une dépense d'énergie exorbitante pour les arracher à mes apparences. Mais il était hors de question que j'y aille par quelques lamentations de plus sur le non respect de l'égalité des races, que je crie les maux de ma couleur pour dire le mal des autres couleurs, que j'aille rejoindre des fronts humanistes qui ont depuis longtemps prouvé leur inefficacité. Je m'étais déjà penché sur le problème de façon totalement inédite, au lieu de rejeter le racisme comme un mal qui ne méritait pas la moindre attention dotée d'intelligence, comme une monstruosité démoniaque qu'il fallait combattre par une foi exempte de nuance, j'avais essayé de remonter le temps le plus loin possible pour comprendre ses origines bien au-delà de son aspect purement humain (je suis même allé chercher du côté des lois de la physique), et comme toujours, j'avais choisi de privilégier la rigueur intellectuelle la plus stricte possible à toute autre forme d'intérêt.
Hors des limites de ses effets sur l'humanité, le sujet a été fascinant, les surprises ont été grandes. Mais il me fallait tirer des conclusions adaptées à notre espèce, sans avoir peur de choquer, et aujourd'hui, il faut juste que j'ose en dire quelques-unes, que j'ose exposer les bonnes raisons d'être inquiets par le monde qui les entoure, qui poussent parfois des gens qui n’usaient pas du racisme à finir par n'avoir d'autres choix que de se revendiquer de cette doctrine et d'en adopter certaines règles.
Racistes de toutes les races
Certains verront dans ma démarche une grande trahison envers la pureté de l'anti-racisme. Mais ce combat parfois extrêmement démagogique ou aux ambitions mal armées a échoué, ne tenant sa blancheur que de son manque total d'audace et de vérité, ou du mélange de teintes diverses qui se neutralisent ainsi au grand jour pour pouvoir jouir en douce nuit de leurs privilèges. Évitant de regarder son bilan ultra négatif en face, il s'obstine à prêcher dans le désert au rythme de certains applaudissements hypocrites qui sont d'autant plus retentissants qu'ils sont vidés de cœur. Ses élans superficiels, qui parfois essaient de s'offrir un peu de consistance par des lois, semblent provoquer exactement l'effet inverse de l'effet recherché: le nombre de personnes se réclamant du racisme augmente en permanence. Soixante ans après Hitler, cette doctrine continue à sévir à travers le monde, le véritable combat contre elle n'a jamais eu lieu, parce que qu'on a jamais voulu voir ce qu'elle était réellement et d'où elle venait, parce qu'on a choisi d'ignorer à quel point ses racines profondes étaient humaines, parce qu'on a choisi d'ignorer que c'était une conséquence naturelle du mode de fonctionnement des sociétés depuis la nuit des temps, parce qu'on a choisi de ne la voir que chez des personnes de type européen, parce qu'on a choisi de croire qu'elle était moins dangereuse quand elle était portée par d'autres populations ou sous sa forme ethnique, parce qu'on a choisi de croire que ceux qui en étaient ou en avaient été victimes ne pouvaient pas la pratiquer et qu'on fait semblant de ne rien voir quand ils dérivent.
Pour lutter contre la hiérarchisation des races, on a institué une hiérarchisation des races racistes sur des bases dangereuses qui tendraient à faire croire que certains types d'humain seraient naturellement protégés contre ce mal. On a simplement remplacé un ordre vicieux par un autre et, certains racistes victimes du racisme en profitent pour dissimuler leur propre tare et, dans une logique unilatérale qui relève d'une véritable escroquerie morale, ils osent exiger qu'on ne leur applique pas ici ce qu'ils n'hésitent pas à appliquer à d'autres ailleurs. Et ça, c'est un point fondamental et extrêmement révoltant. On verra ainsi d'astucieux manipulateurs de la notion de liberté crier au racisme quand on s'attaque aux brandissements de particularités qui relèvent de logiques de différenciation sectaires souvent portées par des principes de hiérarchisation racistes, bafouant parfois paradoxalement l'anonymat qu'ils réclament par ailleurs pour être traités comme les autres, comme s'ils disaient: "regardez notre belle différence supérieure et traitez-nous sans en tenir compte". Certains seraient partisans d'une semi hiérarchisation des races, qui ferait que leur race deviendrait l'égale des races qui se prétendent supérieures tout en restant supérieure à celles dont ils ont la certitude qu'elle précède. Cette tendance est largement répandue à travers le monde, elle opère efficacement et en silence, tout le monde le sait, tout le monde la voit, mais personne n'ose la dénoncer, et elle est profondément ignoble. C'est bien pire que de placer directement son espèce au sommet de la hiérarchie, surtout quand ses tenants s'allient à des membres de races qu'elles considèrent comme inférieures pour combattre un racisme commun qui les frappent, simplement parce qu'il leur est totalement impossible d'obtenir gain de cause en défendant ouvertement l'idée du semi racisme.
Ainsi, si on regardait les choses de plus près, on verrait que le classement des racismes les plus virulents dans le monde est très loin de ce que l'on clame. Alors qu'elles ont engendré un grand nombre d'humanistes sincères que l'on ne trouve nulle part ailleurs sur la planète, les grandes démocraties, se donnant les moyens de compter leurs racistes, peuvent paraître plus atteintes par le mal, mais on serait fort étonné des scores que l'on obtiendrait si on les comptait ailleurs sur de bonnes bases et dans les mêmes conditions.
Partout les identités nationales sont sacrées et si elles étaient attaquées dans certains pays, les réactions seraient bien au-delà de ce que l'on peut imaginer. Les frustrations face aux immigrations ne naissent pas simplement de ce qui se passe dans le pays d'accueil, mais aussi de ce que ceux de ce pays auraient le droit de faire ou d'être ailleurs. Aujourd'hui, les moyens d'information permettent à tous de voir ce qui se passe partout dans le monde et il est pratiquement impossible de construire ses idées sans en tenir compte. Un combat sincère contre le racisme ne peut donc pas se faire simplement sur un plan national ou simplement au près des populations de souche européenne. Non seulement ça ne peut conduire qu'à un échec, mais ça fabrique de nouveaux racistes qui ne comprennent pas pourquoi on essaie de leur imposer des notions d'humanisme et de tolérance qui ne sont pas exigées à tous et dans tous les pays.
De nombreuses crispations doivent naître du simple fait que certains pays aient encore le droit de se revendiquer d'une unique religion en ignorant les minorités religieuses et les incroyants sans qu'on les qualifie de sectaires, alors que si d'autres en faisaient autant, on y verrait du racisme à l'encontre de certaines populations installées dans le pays. Il faut avoir le courage de dire que les libertés religieuses doivent être les mêmes dans tous les pays, et qu'elles doivent inclure celle de n'avoir aucune foi. Je sais que c'est un discours difficile à entendre pour certains croyants, surtout ceux pour qui "Je crois en Dieu" ne peut se passer de "Vous devez tous croire en Dieu", mais s'ils veulent pouvoir vivre leur religion partout dans le monde sans subir la moindre exclusion, ils doivent faire ce terrible effort de regarder en face leurs propres intolérances et les remettre en cause, ils doivent admettre qu'elles s'apparentent fortement au racisme, qu'elles le nourrissent souvent, qu'elles peuvent être aussi violentes que lui, sinon plus.
Une telle démarche serait certainement un véritable chemin de croix, mais il me paraît incontournable pour ceux d'entre eux qui aimeraient trouver une véritable paix avec les autres, et j'ai la certitude que leur Dieu ne leur en tiendrait pas rigueur, bien au contraire, car il m'étonnerait qu'il ait eu besoin de créer des humains et de leur offrir la possibilité de se regrouper en fonction d'orientations fort différentes à son égard, dans le seul but de les voir s'entretuer: ce serait "légèrement" diabolique.
J'ai été moi-même éduqué sur des bases tribales et raciales, j'en garde des traces malgré les efforts que je déploie pour m'améliorer afin de ne pas avoir à demander aux autres de réussir là où j'aurais échoué. Je crois en ma guérison totale, mais je sais qu'elle passera par celle des autres, car tant qu'on me verra d'abord (ou uniquement) à travers ma race ou mon ethnie, il me sera extrêmement difficile d'ignorer totalement ces paramètres dans mes propres regards, ne serait-ce que pour me protéger…
Je ne cherche pas à donner à ceux qui se sentent racistes -à tord ou à raison-, le temps d'attendre que le monde change pour qu'ils pensent à changer, ni à les conforter dans leur position sous le prétexte qu'elle serait humaine, naturelle ou légitime, car si le racisme jouissif (maladie grave et parfois incurable) existe, le racisme qui naît d'une sensation de frustration réelle inflige de véritables souffrances à ceux qui n'ont d'autres choix que de le ressentir, et j'aimerais leur ouvrir des perspectives qui leur permettent d'imaginer qu'il puisse être négocié une issue à leur calvaire. Mais après ce détour planétaire, cet espoir ne prendra vraiment forme -dans le cas de ceux à qui j'adresse "en priorité" cette lettre- que si je poursuis mon analyse incolore en plongeant au cœur de ce qui est la cause principale de leur désarroi raciste: l'immigration.
Colonisation et immigration: Les ressemblances
Depuis toujours, toutes les sociétés humaines se sont construites autour de valeurs qu'elles ont été obligées de défendre contre des agressions externes. Cette résistance a souvent été vaine et de nombreux peuples sont devenus ce qu'ils n'auraient jamais dû être, mais cela ne les a pas empêchés par la suite de défendre avec la même vigueur des mœurs qui furent jadis ennemies et qu'ils avaient fini par intégrer. Il s'est inscrit dans les consciences le fait qu'on devait imposer les traditions d'un groupe au plus grand nombre, le plus souvent par la force, afin de constituer un ensemble plus puissant. La règle a donc toujours été celle du plus fort. Victorieux, il n'offrait pas au vaincu de s'asseoir à égalité à sa table, celui-ci était considéré comme d'espèce inférieure et exploité parfois durant des siècles. C'était du racisme, mais en ces temps-là, tout cela paraissait bien naturel. Cela a presque toujours été la règle partout sur la planète jusqu'au 20ème siècle. Ceux qui ont fait de nos ancêtres des esclaves et des colonisés étaient dans une logique d'exploitation économique d'êtres qu'ils considéraient réellement comme inférieurs, et de leur pays.
L'ONU est passée par là et aujourd'hui, les temps ont bien changé, même le plus petit des pays est totalement à l'abri des invasions étrangères par la guerre, et esclavage et colonisation semblent définitivement appartenir au passé, du moins sous leurs formes traditionnelles.
Non seulement les frontières sont protégées, mais tout est fait pour éviter que des perdants d'hier n'essaient de revendiquer ce qui leur a été volé, ce qui pourrait avoir l'apparence d'une justice déboucherait vite sur des désordres inextricables et néfastes pour tous, car les comptes à régler seraient presque infinis. On a remis les compteurs à zéro et on est reparti sur de nouvelles bases, laissant aux historiens le soin de critiquer les comportements du passé. Il est tout de même à la portée de n'importe quelle personne de bonne foi d'admettre qu'il n'était pas normal que des étrangers cherchent à modifier des identités nationales sans le consentement des autochtones et que les résistances qu'ils ont alors rencontrées étaient légitimes. Mais il lui sera aussi aisé de reconnaître que si ça n'aurait pas dû se faire hier, ça ne devrait pas se faire aujourd'hui. Or, il faut avoir le courage de le dire, il reste encore une porte d'entrée pour des gens qui rêveraient encore au minimum d'imposer leurs mœurs à un pays étranger: l'immigration.
L'immigration n'est pas la colonisation, mais par certains aspects, elles partagent de profondes ressemblances. Il est capital de s'y pencher pour redonner son vrai visage au véritable racisme et en écarter ceux qui s'y reconnaissent à tort ou parce qu'on ne leur a rien proposé d'autre pour ranger leurs frustrations.
Il s'agit dans les deux cas de l'implantation d'étrangers dans un pays qui n'est pas le leur et qui engendre une forte résistance des autochtones, pour des raisons économiques, et pour empêcher la modification des valeurs et des identités profondes comme la religion. Et même là où l'on pourrait penser que les différences sont énormes, on trouve encore des similitudes, notamment dans ce qui nous intéresse le plus ici: la gestion raciale du problème. Ces résistances doivent pouvoir identifier l'ennemi, et si celui-ci peut l'être par la race (ce n'est pas toujours le cas), elles adoptent cette solution de facilité au détriment d'autres nuances humaines qui individualiseraient les comportements, parce qu'elles seraient trop coûteuses en temps, en énergie et surtout en intelligence, facteur souvent démobilisateur. Mais si la résistance du colonisé dominé et pauvre a pu identifier l'ennemi par un uniforme racial ce n'était pas dans une logique de hiérarchisation raciale qui lui donnait avantage, d'autant plus que le dominant ne manquait pas de lui rappeler ses infériorités qui lui ont valu d'être vaincu et soumis. Tel n'est pas la cas de la résistance à l'immigration qui, parce que souvent dominante et riche, se laissera facilement entraîner sur des raccourcis méprisants, humiliants et totalement contreproductifs qui voileront par une apparence raciste détestable la légitimité et la noblesse de son combat pour la sauvegarde de ses intérêts, de ses mœurs, de ses valeurs essentielles souvent chèrement acquises.
Là où il aurait peut-être été simplement suffisant de rappeler ou d'expliquer respectueusement les atouts culturels incontournables et non négociables qui font la différence et l'âme du pays, qui sont la raison profonde de son attrait à travers le monde, la déviation raciste, irrespectueuse, arrogante et criarde, viendra usurper un parcours qui n'était pas le sien et y générer des frustrations, des crispations, des attitudes de défis chez beaucoup de gens qui n'étaient venus dans le pays que parce qu'ils l'avaient rêvé comme nulle part ailleurs, et certainement pas comme chez eux, mais qui n'auront plus d'autres choix pour ne pas être considérés comme des êtres inférieurs que d'essayer de revaloriser certaines valeurs qu'ils espéraient avoir définitivement laissées derrière eux.
Et voilà comment une exigence légitime qui n'ayant pas su trouver la sérénité et l'intelligence nécessaire pour garder le contrôle de ses vrais objectifs aboutit au résultat inverse de ce qu'il recherchait.
Alors qu'au départ, il n'y avait aucune intention d'envahir dans la logique d'immigration qui est avant tout une action individuelle, que bon nombre d'étrangers étaient parfaitement conscients en arrivant dans le pays que leur statut ne serait pas celui des nationaux et trouvaient cela parfaitement normal puisque c'est le cas partout ailleurs, qu'ils n'auraient pas été choqués d'être obligés de dire "Puis-je aller aux toilettes?" et qu'ils n'attendaient nullement qu'on leur réponde "fais comme chez toi", qu'ils savaient pertinemment qu'ils ne seraient pas chez eux et qu'ils devraient se conformer autant que possible aux mœurs du pays hôte sans avoir l'impression de trahir leurs origines, qu'ils ne considéraient pas qu'être étranger était dévalorisant, à l'arrivée, tous les étrangers ont été faits immigrés, qu'importe les raisons de leur présence et le temps qu'ils ont prévu de passer dans le pays.
Leurs individualités ont été effacées, ils ont été uniformisés, royale aubaine pour de faux leaders autoproclamés. Ils récupèrent et gonflent artificiellement des communautés qu'on leur a offertes sur un plateau, avec des uniformes neufs prêts à l'emploi destinés à ceux qui n'auraient pas été bien identifiés. Ils se mettent à revendiquer la prise en compte de certaines identités, rêvant de réussir là où les colonisations ont échoué, paradoxalement, au nom d'un nombre garantit par les pires de leurs ennemis initiateurs du comptage, qui de plus les aident à y enfermer leurs otages en se frottant les mains, car ils pensent que le grand moment venu cela facilitera leur propre tâche.
Ces confrontations au sommet des causes usurpatrices, quand elles sont spectaculaires, sont encouragées par certains médias qui y voient un moyen de faire eux aussi du nombre, et qui n'hésitent pas à donner la parole uniquement à ceux qui savent bien mettre de l'huile sur le feu.
Là où il était possible de construire une harmonie parfaite sur la base du respect de l'âme des pays, seule solution de bon sens qui puisse préserver la variété fabuleuse des mondes des humains car celle qui consisterait à installer cette variété partout finirait par la détruire en créant un monde uniforme et sans saveur, on se retrouve avec des antagonismes insensés qui ne laissent rien présager de bon, d'autant plus que de dangereux malins de différents camps, dont les ambitions de devenir les chefs de quelque chose méprisent les véritables intérêts de ceux qu'ils utilisent, font tout pour accentuer le malaise afin de compter leurs forces.
Cette obsession à faire du nombre n'est pas portée que par la race, elle l'est aussi largement par la religion, ce qui complique encore plus les choses, car par son biais sont souvent invités dans les affaires internes d'un pays des intérêts étrangers qui n'ont aucun lien avec lui et qui sont dans une autre logique douteuse de dénombrement pour un poids planétaire. Il n'est pas facile de comprendre ce qu'est un croyant modéré, une semi croyance. Une religion a des règles, on les respecte ou on ne les respecte pas. On est croyant ou on ne l'est pas. Les religions se considèrent comme les plus grandes richesses qui soient, elles ne devraient donc être partagées que par des personnes ayant apporté toutes les preuves qu'elles les méritent. Cette logique élitiste permet à de nombreuses doctrines de s'épanouir à des niveaux exceptionnels. Si les croyances religieuses étaient considérées comme puissantes par la qualité de leurs croyants, elles ne toléreraient pas que des fidèles sélectionnent leurs pratiques suivant des convenances personnelles. Or c'est souvent le cas, car c'est la logique du nombre qui les guide. Parfois, il suffit même de porter un prénom lié à l'une d'entre elles pour que celle-ci vous intègre dans son nombre sans se formaliser sur la réalité de vos croyances. Celui-ci est ensuite malicieusement utilisé par certains qui n'hésitent pas à se servir de gens qu'ils considèrent pourtant comme des traîtres impurs pour clamer leur force, une force qui au nom de tous ses doutes se doit d'être puissamment liberticide et qui souvent, cruelle arrogance, protège sa liberté de l'être en invitant tous ses comptés à contribuer à des desseins terrifiants qu'elle projette pour anéantir quiconque a osé remettre en cause un des symboles qu'elle a consacré comme sacré, d'une science qui était non seulement strictement interdite à toutes les raisons de ses adeptes, mais aussi à toutes celles qu'elle pouvait entendre. Si cette force n'avait pas pour but d'influer sur les mœurs parfois séculaires de certains pays où elle n'avait pas jusqu'alors sa place, il n'y aurait peut-être presque rien à redire, sauf, pour les partisans d'une liberté planétaire, à plaindre ceux qui ont été depuis trop longtemps contraints de la subir au point parfois d'avoir appris à l'aimer d'un amour irraisonné comme elle l'exigeait, en y perdant tout sens du libre choix. Mais on se retrouve dans la logique de l'expansion coloniale qui semblait être révolue, avec cette fois-ci l'immigration comme force d'appui, une logique qui paradoxalement se développe en s'appuyant sur les actions de ceux qui veulent la contrer par le racisme.
Et voilà comment un pays qui au cours des siècles, au prix parfois d'énormes sacrifices, avait réussi à installer la liberté comme l'un de ses fondements, se retrouve en régression sur ce point, obligé d'ouvrir des pages qu'il pensait avoir définitivement tournées, et ceci d'abord au détriment des autochtones qui parfois révisent à la baisse leurs propres besoins en la matière, faisant ainsi le bonheur des conservateurs les plus endurcis et le malheur des progressistes, mais aussi de beaucoup d'étrangers qui espéraient trouver dans le pays de grandes possibilités de choix qu'ils n'avaient pas chez eux.
Là où il était question de libertés individuelles, on prône la liberté de groupes donnés à imposer des contraintes particulières à ceux qu'ils considèrent comme leurs membres. Quand on parle de communautarisme, il n'y aurait aucun mal à ce que des individus qui se trouvent en toute liberté certains points communs puissent parfois se rassembler pour les partager, cela se fait dans différents clubs. Mais très souvent les communautés renforcent des cohésions liberticides en s'appuyant sur de fortes pressions familiales ou tribales portées par le fait que les mœurs, la religion sont des héritages qu'on ne peut se permettre de remettre en cause individuellement, et qu'il y a des domaines où la notion de choix n'a aucun sens. Il arrive qu'on brandisse une de ces victimes endoctrinées comme le résultat d'une liberté profonde, cette notion étant manipulée pour emprisonner des individus et les empêcher de lorgner vers les mœurs du pays hôte, notamment les mœurs les plus libres. On a dû leur dire pour appuyer leur mise en cage communautaire: "tu ne peux pas te rabaisser à adopter les mœurs de ces gens qui méprisent ceux de notre race". Et là encore ceux qui se trompent en empruntant le racisme pour exprimer certaines douleurs auront contribué à façonner une des raisons de leur colère…
Mais avant de pouvoir utiliser les comparaisons que j'ai faites entre les effets négatifs de l'immigration et ceux de la colonisation, il faut que les Français qui trouveront du sens à ma démarche aient le courage d'admettre que cette dernière en a eu de nombreux, surtout dans ses motivations profondes. En réalité, ce courage ne nécessitera que très peu d'efforts, car il n'existe qu'un nombre infime de Terriens d'une extrême mauvaise foi pour penser que l'esclavage et la colonisation étaient des actions humanitaires dans le but d'aider des peuplades en peine. Je suis conscient du fait que la logique que j'ai développée peut être détournée de ses objectifs par l'ultra minorité dont la haine raciale domine à jamais toute raison, mêmes les raisons de tous leurs autres intérêts, mais j'espère qu'avant tout, je pourrai contribuer à briser le fil qui conduit à bercer certains Français d'illusions nationalistes inefficaces quand ils se plaignent de certaines réalités liées à l'immigration. Tenir un langage répressif et haineux est facile et à la portée du premier venu, de même que le fait de condamner le racisme d'un humanisme primaire sans se donner la peine d'analyser ses origines profondes, mais, chercher des solutions qui permettent de diminuer des souffrances sans en engendrer d'autres, là, c'est un véritable challenge qui demande la mise en action de grandes intelligences.
Récapitulons
Des personnes de deux camps s'affrontent dans une guerre froide sans issue qui est extrêmement nuisible pour tous.
Les unes, victimes d'une aversion qui brouille par une généralisation raciale inefficace des griefs qui ne concernaient qu'une minorité, se voient proposer par certains pour se défendre de se replier sur des positions identitaires qui nient des réalités incontournables du pays.
Les autres, auteurs de l'aversion qui a déclenché un phénomène encore plus inquiétant que ce qui les gênait réellement, se replient eux aussi sur des positions de plus en plus radicales.
L'éloignement des intérêts s'accentue, les tensions s'accroissent et finiront par atteindre des sommets inquiétants si rien n'est fait pour arrêter ce processus absurde. J'entends d'ici les meneurs de cette guerre lancer à leurs soldats: "Nous devons terroriser la terreur qui nous terrorise, nous devons utiliser les mêmes armes qu'elle, et s'il le faut, exploser avec elle."
J'ai la conviction que ce n'est pas une fatalité et que cette confrontation catastrophique peut être réduite à néant, mais à condition que le problème du racisme soit pris à bras le corps à partir de ses racines humaines et au niveau mondial. On ne peut pas se contenter de mener des luttes qui consistent à soustraire ici de ses griffes des gens qui ailleurs seraient de ses fidèles les plus convaincus. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui dans le monde, les attentions sont souvent concentrées sur ses actions menées uniquement par des nationaux dans les pays riches, et c'est extrêmement regrettable, dangereux et inefficace, surtout sur le long terme.
Cas particuliers
Il faudrait bien plus que ces quelques pages pour aborder en profondeur tous les aspects du racisme, mais il était important que je ne finisse pas sans souligner quatre cas particuliers universels et dont certains sont extrêmement inquiétants.
- Le premier cas: celui des "escroqueries au racisme". Ce sont des gens qui par perfidie, alors qu'ils ne le sont pas eux-mêmes, s'appuient sur des racistes pour régler leur compte avec une personne d'un autre type. Feignant d'être fortement terrorisés, ils crient: "je suis de votre race et je suis attaqué par un dangereux ennemi, aidez-moi". Souvent, cela fonctionne, et ils obtiennent gain de cause, mais ils sont bien plus horribles que leurs alliés de circonstance, c'est au delà du dégoût.
- Le second cas: celui de ceux qui se servent d'une position d'éventuelle victime du racisme comme d'un excellent bouclier racial pour dissimuler leurs malhonnêtetés, leurs défauts, leurs médiocrités, etc. Et là aussi, parfois, ça marche.
A ceux de ces deux premiers groupes d'escrocs, cette lettre ne servira à rien, car ils sont dans une pure logique de vol et ce n'est pas ce qui est traité ici, mais il est clair que si la notion de race perdait sa valeur marchande, ils y perdraient leur gagne pain.
- Il y a ensuite ceux qui ne reconnaissent plus le racisme que sous ses formes les plus criantes et qui ne font plus le moindre effort pour l'identifier quand il agit avec légèreté et subtilité, ce qui est très souvent son mode d'expression le plus courant et de loin le plus dangereux. Il leur arrive d'accuser celui qui s'en plaint d'être paranoïaque, ce qui pour ce dernier est profondément douloureux et pire que le racisme lui-même, car il a l'impression qu'il ne lui reste même plus le droit de dire son calvaire. Si on peut porter à la décharge de certaines personnes de cette catégorie, le fait qu'il est parfois difficile de ressentir ce que l'on n'a jamais vécu, pour d'autres, il s'agit simplement de nier certains symptômes d'un mal qu'elles réprouvent mais dont elles ont peur d'être atteintes, ou encore de chercher à le camoufler parce qu'elles l'approuvent mais le trouvent honteux. Ceux qui se reconnaîtront dans ce troisième cas non désespéré, pourront trouver un excellent bouclier pour pouvoir enfin regarder la bête en face dans la dispersion planétaire que j'en ai faite.
- Pour terminer, il y a ceux qui aimeraient bien être seuls au monde et d'une seule espèce, qui ne sont réduits à une guerre tiède locale et inconfortable que parce qu'il leur est impossible de nos jours de la faire mondiale et ultra bouillante au grand jour. On pourrait penser leur cas totalement désespéré, j'ai dû même le dire plus haut, mais il reste une toute petite issue, c'est la piste de l'épuisement. Leur résistance semi souterraine ne peut pas tenir éternellement, car, ne serait-ce que pour galvaniser les troupes, elle aurait besoin de réelles perspectives de victoire, or il n'en existe plus aucune, les temps ont irrémédiablement changé. Elle pourra encore longtemps provoquer de sérieuses nuisances chez l'ennemi, mais ce ne sera jamais qu'un petit lot de consolation et elle dépérira de ne pouvoir assouvir sa grande soif de tous les mauvais sangs. Et là on devrait penser que cette perspective de fatigue extrême fait son effet et qu'elle lâche prise, mais ça ressemble à une défaite si peu honorable qu'elle lui préférerait peut-être un entêtement suicidaire. Il me faut placer sur son chemin quelque chose de bien plus repoussant et ce sera encore une fois l'argument imparable de l'adversaire se renforçant de l'inhumanité des coups qu'il reçoit pour exiger aux bonnes consciences des contreparties auxquelles il n'aurait jamais eu droit. Des contreparties de très mauvaise foi, parfois, mais de bonne guerre, une très mauvaise guerre en somme. Et là je brûle, non? Face à ce constat catastrophique, je me risquerai à lui demander de déposer les boomerangs et à négocier avant qu'il ne soit tard (et ça urge) les véritables intérêts de la différence qu'elle défend à travers d'autres formes d'expression qui lui offriraient une paix avec elle-même et avec les merveilleuses diversités de l’humanité. Celle-ci ne la remercierait alors jamais assez d'avoir à la fois sauvé une de ses belles nuances de l'uniformisation et de lui avoir en même temps apporté une contribution précieuse pour se guérir d'un mal qui la ronge depuis toujours. Ne serais-je pas en train de sombrer dans une illusion comme celle que j'ai dénoncée plus haut? Vous me le direz.
Les races du futur: les enfants de la science
Comme je l'ai précisé au début de cette lettre, cette analyse sur le racisme n'est qu'une toute petite partie d'un ensemble de réflexions plus vaste sur l'humain, sur le rôle qu'il a à jouer dans le "but" de l’univers sur le très long terme et en cela, elle n'a qu'une valeur ponctuelle dans le temps. Car, en tenant compte du futur plus ou moins lointain, je suis allé bien plus loin en m'appuyant sur une logique bien différente, notamment en incluant les progrès spectaculaires de la science d'aujourd'hui et les prodiges que feront celle de demain. Mais comme il nous faut vivre tous les instants qui nous séparent de ce futur là, il vaut mieux les vivre au mieux.
*La diffusion de cette lettre
Enfin, j'aimerais que la diffusion de cette lettre porte ses fruits, des fruits qui ne seraient pas le triomphe d'une opinion qui resterait sans effet concret, mais l'amélioration de mon existence parfois extrêmement douloureuse de Noir, et de celle de milliards d'autres Terriens qui souffrent du racisme sous ses différentes formes, soit parce qu'ils en sont victimes, soit parce qu'ils le portent. Ceci ne pourra se faire sans la contribution de nombreuses forces positives que j'espère pouvoir toucher par cette lettre dans tous les pays. Je l'ai adressée aux "racistes" français, mais en réalité, elle est destinée à tous, des "non racistes" et des non Français. Ceux qui y trouveront de l'intérêt pourront la diffuser en partie ou en totalité, dans le cadre de leur activité professionnelle ou dans un cadre privé, dans d'autres langues si possible.
Et si vous n'avez que vos nom, prénom, profession et éventuellement quelques commentaires constructifs (je n'ai rien contre la polémique, mais je n'ai ni le temps, ni les moyens de débattre avec de nombreuses personnes, pour l'instant…) à offrir (racismes@yahoo.fr, je saurai m'en servir), vous aurez contribué à la "grande fulgurance planétaire" que j'évoque dans le premier paragraphe de cette lettre.
Très cordialement